Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'entre la parution du 38ème album de la série, l'annonce du prochain film live par Guillaume Canet et la sortie ce mois-ci du jeu développé par OSome Studio, notre gaulois moustachu (avec) favori(s) aura dignement soufflé ses soixante bougies. Nous étions les premiers surpris de voir resurgir l'année dernière, sous la forme d'un remaster, Astérix & Obélix XXL2, jeu sympathique au demeurant mais qui n'avait pas non plus fait s'extasier les foules à l'époque de sa première sortie. C'était en fait pour mieux préparer le terrain à sa suite intitulée Le Menhir de Cristal, laquelle permet pour la première fois à deux joueurs d'incarner Astérix et Obélix en co-op. Comme dirait ce dernier : Chic ! Des Romains !
Alors que le village gaulois coule des jours paisibles, le facteur Pneumatix s'inquiète de l'interception par les Romains de son courrier. Une fois celui-ci récupéré par Astérix et Obélix, après quelques mandales distribuées, le druide Panoramix peut enfin lire la missive qui lui était adressée et qui contient une bien inquiétante nouvelle : son amie la prêtresse Hella Finidrir a été enlevée par les Romains et nul ne sait où elle se trouve. Seul le Menhir de Cristal ayant appartenu à Hella pourra, une fois sa puissance restaurée, aider nos deux valeureux guerriers gaulois à retrouver sa trace.
Je suis mon cher ami, très heureux de te voir
A l'instar du premier volet de la série XXL, le scénario est un prétexte pour permettre au joueur de sillonner différents territoires du monde occidental, tel qu'il était connu au Ier siècle av. JC. Au début de l'aventure, Astérix et Obélix peuvent parcourir à loisir le village et ses alentours, à savoir la plage, la forêt et les fameux camps romains qui le bordent. Le village manque un peu de vie et si on regrettera l'absence de certains personnages bien connus des fans de la BD (Agecanonix, Cétautomatix ou bien Ordralfabétix), l'ambiance reste fidèle à l'oeuvre de Goscinny et d'Uderzo.
Les références aux albums d'Astérix abondent, y compris au dernier avec l'île de Thulé dont est originaire Hella Finidrir, location pour la première fois mentionnée dans La Fille de Vercingétorix. On retrouve des allusions aux films d'animation plus récents mais aussi à des chansons ou à des répliques cultes. Quelques jeux de mots anachroniques se glissent également dans les dialogues, dans la plus pure tradition de l'esprit Astérix.
Malgré la non-participation de l'immense Roger Carel pour prêter sa voix au blondinet moustachu, le doublage du jeu est très réussi et fait intervenir des cadors dans le domaine (Benoît Allemane, Emmanuel Curtil) ainsi que les nouveaux venus des derniers (très bons) films d'animation de Clichy et d'Astier. Du point de vue de la fidélité au matériau d'origine, Astérix & Obélix XXL 3 : Le Menhir de Cristal est une réussite.
L'Odyssée d'Astérix
Comme évoqué plus haut, l'intrigue est propice à l'exploration d'environnements variés. Les cinq chapitres du jeu correspondent ainsi aux cinq territoires explorés par Astérix et Obélix, et chacun se démarque des autres : l'île de Thulé et ses montagnes enneigées ou bien la cité de Tyr, aux ambiances plus vespérales. Là où certains albums se focalisaient sur un lieu bien défini (l'Egypte, la Grèce, l'Helvétie...), XXL 3 embarque nos deux amis Gaulois et Idéfix à travers monts et vallées pour retrouver les trois éclats perdus du Menhir de Cristal. Les zones traversées sont hélas plus ou moins cloisonnées, d'autant plus qu'il est impossible de se perdre : une flèche de direction indique étape par étape chaque zone à rejoindre pour progresser dans l'aventure, nous rappelant à tout moment que nous sommes bien dans un jeu à vocation familiale.
A la parution des premiers visuels du jeu, on entendait déjà certains pester contre le retard technique que semblait accuser le titre. Effectivement, Astérix XXL3 ne fait pas des merveilles graphiquement mais la direction artistique, assez proche des derniers films d'animation 3D avec ses personnages aux traits arrondis et ses environnements très colorés, se prête très bien au ton de l'aventure. En un sens, ça rappelle un peu le remake récent de Link's Awakening, avec certains effets de cell-shading en prime. Côté bande son, c'est du tout bon également, bien que les morceaux soient assez discrets en jeu.
Ils sont fous ces Romains
Comme sur les deux précédents volets, la caméra suit nos héros depuis une vue assez éloignée afin de leur permettre d'anticiper les obstacles. Et le premier d'entre eux, pour le plus grand bonheur d'Obélix : les Romains. Le gameplay de ce claque'n'baffe se veut accessible, public familial oblige, avec une même touche à asséner pour distribuer les mandales aux pauvres fantassins qui se trouvent sur leur trajectoire. Grâce à une pression de la touche L1 (version PS4 testée), le joueur ouvre un menu raccourci avec des coups spéciaux qui puisent dans une jauge d'énergie. Ces attaques, identiques aux deux Gaulois, permettent ainsi d'enchaîner une tornade de baffes ou bien d'envoyer un uppercut bien senti qui expédie le malheureux dans les airs.
Astérix peut également puiser dans sa réserve de potion magique afin d'accroître considérablement sa puissance et sa célérité, le temps qu'elle fasse effet. Comme chacun le sait, Obélix étant tombé dans la marmite de potion magique étant petit, il ne peut plus en bénéficier (sous peine d'être changé en granit, cf. La Galère d'Obélix). En revanche, il peut envoyer son petit compagnon à poils mordre la croupe des Romains pour les empêcher d'attaquer. Il est également avantagé car il transporte le Menhir de Cristal : chaque éclat retrouvé permet d'utiliser un pouvoir (glace, feu, aimant). Hormis ce dernier qui créé une boule qui protège des projectiles, les pouvoirs du Menhir sont cependant bien moins efficaces qu'une bonne paire de mandales.
Alea jacta est
Il semblait évident que cet épisode ne pouvait se passer d'un mode coopératif. S'il est possible en solo de basculer d'un personnage à l'autre à tout moment, avec des vies communes aux deux personnages, le mode co-op permet à deux joueurs de contrôler chacun un des deux Gaulois. On peut d'ailleurs passer d'un mode à l'autre en cours de partie. Le hic, c'est que le jeu navigue entre les deux formules : à la fois inadapté au mode solo et n'exploitant pas pleinement les possibilités de la coopération.
En solo, l'IA du compagnon se montre bien souvent apathique, quand il ne se plante pas carrément dans le décor. Plus rageant encore : lorsque l'on doit activer un mécanisme pour avancer et que le deuxième personnage nous suit bêtement alors que l'on souhaiterait qu'il reste près du mécanisme en question. Évidemment, en co-op, le problème ne se pose pas. La caméra s'éloigne jusqu'à une certaine mesure pour suivre les actions de deux personnages (comprendre : pas d'écran splitté). En revanche, comme il n'est pas possible de donner des ordres mêmes rudimentaires au deuxième personnage en solo (rester à tel endroit, attaquer tel ennemi, activer tel levier), le level design général du titre s'en tient vraiment au strict minimum, notamment dans les trois premiers chapitres, très dirigistes et peu inspirés.
Heureusement, les deux derniers chapitres se révèlent plus intéressants à parcourir, en particulier le labyrinthe du Chapitre 4 qui, pour la première fois dans le jeu, invite le ou les joueur(s) à se creuser un peu plus les méninges grâce à l'exploitation astucieuse du dernier pouvoir du Menhir de Cristal qui permet de déplacer ou de faire pivoter des plates-formes. Alors que la grande partie du jeu reste relativement fluide, le framerate du Chapitre 5 est tout simplement atroce. Nos personnages avancent par saccades, même quand les Romains nous lâchent la grappe. C'est dans ce chapitre également que j'ai rencontré un grand nombre de bugs de collision, avec des personnages qui se noient dans une eau invisible par exemple... Espérons qu'un patch viendra prochainement corriger tout ça.
Menhir Express
Outre l'exploration classique des cinq chapitres, Astérix et Obélix seront amenés pour diverses raisons à traverser des camps romains. Ces derniers se présentent sous la forme d'un parcours, avec des mécanismes à activer pour progresser et surtout, forcément, toute une armada de Romains pour compliquer la tâche au(x) joueur(s). Lanciers, archers et centurions se lancent à l'assaut des Gaulois dès lors qu'ils sont repérés par les sonneurs, qui devront donc être neutralisés en priorité. On peut également démolir les tentes des soldats pour empêcher les arrivées intempestives de renforts. Tout ceci est bien sympathique mais on finit par s'en lasser, surtout qu'on s'en farcit déjà pas mal des Romains dans le reste du jeu. Au final, la solution est toujours la même : une volée de torgnoles et on n'en parle plus.
Une fois le camp traversé, le joueur obtient un score qui dépend de plusieurs facteurs (le nombre d'alertes déclenchées, le temps de traversée...), suite à quoi on lui octroie un certain nombre de casques. Voyez les casques comme la monnaie du jeu, disséminée un peu partout dans les niveaux, et qui serviront à acheter des améliorations dans le magasin : coups spéciaux plus puissants, davantage de santé, d'énergie ou de réserve de potion magique pour Astérix etc.
Même sans se plier à la cueillette de casques, vous aurez largement de quoi acheter tout ce dont le magasin peut vous gratifier avant la fin de l'aventure, qui survient au bout de 7-8h de jeu en mode normal (des modes facile et difficile sont également de la partie). Il y a bien quelques items à dénicher dans les cinq chapitres (couronnes de lauriers, dés romains et os d'Idéfix), ainsi que trois petites missions plus ou moins variées pour chacun d'eux, mais vous ne dépasserez pas la dizaine d'heures de jeu. Reste à améliorer son score dans chacun des camps romains mais l'intérêt, surtout si on a déjà toutes les améliorations, reste limité.